Am selectionat cateva extrase dintr-un interviu publicat saptamana asta in Télérama, No 3040, du 19au 25 Avril 2008, cu Matthieu Ricard, traducatorul lui Dalai Lama pentru limba franceza, despre situatia tibetana de cand cu incidentele de pe 10 martie. De fapt, interviul dateaza de la inceputul lui aprilie.. ceea ce inseamna ca numerele sunt fara indoiala mai mari acum…
Le 16 mars, le dernier journaliste à été obligé de quitter Lhassa.
Depuis, « au Népal, dans le monastère où je vis, chaque jour, des gens qui ont de la famille au Tibet reçoivent des coups de fil les informant de ce qui se passe. Untel apprend qu’un cousin a été tué, ou qu’on est sans nouvelles de son frère depuis trois jours. Ces familles téléphonent clandestinement au prix d’un grand danger. Un tailleur de chez nous m’a din que 6 membres de sa famille avaient été arrêtés à Lhassa. Et depuis, aucune nouvelle. »
Par rapport au « On sait que le 14 mars, dans le quartier de Barkhor, des Tibétains ont effectivement brûlé des boutiques, on a tous vu les images tourné par la télé chinoise – sans qu’on soit certain quie tous les « casseurs » étaient de vrais moines. Mais on n’a rien vu de ce qui se passait un peu plus loin au même moment : la police chinoise qui tirait sur la foule dans les quartiers de Karma Gonsar et Drapchi, alors que les chars bloquaient les issues. De cela, il n’y a pas eu d’image – ou, s »il y a eu, nous ne les verrons peut-être jamais.
« à la radio, j’entendais les Chinois dire qu’aucun coup de feu n’avait été tiré ; mais de notre côté, la liste des décès ne cessait de se noircir. A date du 4 avril, nous avons compté plus de cent cinquante morts. »
dernières nouvelles : « plusieurs milliers d’arrestations. L’ensemble de Lhassa est sous surveillance vidéo depuis des années, alors, l’armée chinoise a visionné les images, et avec les responsables locaux de la police, elle a identifié les manifestants. Le tout après avoir imposé le couvre feu le plus strict qui soit.
L’autre jour, un journaliste français me demandait de l’aide pour entrer au Tibet en cachette. (…) Nous lui avons expliqué qu’il ne se rendait absolument pas compte ! A Lhassa, aujourd’hui, un étranger ne fait pas trois mètres ! Et un tibétain doit avoir un laissez-passer du policier qui tient son secteur pour faire ses courses 300 mètres plus loin. Il n’y a plus de voiture civile ou un autobus circulant entre Lhassa et mes villes voisines : il n’y a que les véhicules militaires sur les routes. »
« nous avons aussi des info qui n’ont été relayées par personne. Comme ce qui c’est passé à Ganzé, dans la province chinoise de Sichuan, où les Tibétains sont nombreux. Il y avait là un chef de village qui a pris la tête d’une marche pacifique de quatre cents personnes. Pas de banderole, pas de slogan. Mais, même ainsi, silencieusement, il faut un sacré culot ! Ils ont été stoppés par l’armée et ont répondu : « On ne fait rien de mal, on marche, c’est tout ». L’armée les a bloqués à nouveau, et leur convoi a été dévié vers un camp militaire, auquel ils ont alors décidé de mettre le feu. L’armée a tiré, et ce chef et quatre personnes ont été tués. Et ça, personne n’en parle ! On l’a appris par un coup de fil de la nièce de ce chef qui nous demandait de faire des prières pour lui et ses amis. Le 3 avril, à nouveau a Ganze, sept cents personnes se sont rassemblées devant le siège du gouvernement local, demandant la libération de deux détenus. Pendant vingt minutes, la police a sommé la foule de se disperser, puis, comme elle refusait d’obtempérer, a ouvert le feu, tuant quinze personnes, dont six femmes, un enfant et trois moines. »
Dalai-Lama coordinateur des manifestations : « C’est d’une absurdité ! Le 10 mars, c’est le jour anniversaire du soulèvement de Lhassa contre les Chinois (en 1959). Personne au Tibet n’a besoin qu’on le lui rappelle ! Il y a eu, comme chaque année, des manifestations un peu partout. (…) On m’a ainsi raconté qu’un homme de l’Amdo, un grand costaud qui avait décidé de porter un drapeau tibétain sur ses épaules – l’insulte ultime pour les autorités chinoises-, c’est mis à parader dans la rue. Les policiers l’ont attrapé, il s’est échappé. Ils l’ont pris à nouveau, quelques moines se sont mis à manifester, et là, ça a dégénéré… Vous rendez-vous compte de la force qu’il faut pour aller défier ainsi les autorités chinoises ? S’enrouler dans le drapeau, c’est un acte kamikaze. Le type se dit : « Je suis prêt à passer quinze ans en prison .» Il le fait en conscience, il se dit : « on en a marre de tant d’oppression, alors je proteste, même si je risque quinze ans de prison… » Et, croyez-moi, les quinze ans de prison, au Tibet, vous les faites jusqu’au dernier jour.
« Il y a en toile de fond, cinquante ans d’oppression. (…) Il y a aussi, depuis peu, un appauvrissement de la population, car les Chinois, qui arrivent à raison de deux mille par jour par la liaison directe en train Pékin-Lhassa, prennent tous les boulots qualifiés – mécano, maçon, menuisier. Les Tibétains se retrouvent marginalisés. »
Les Tibétains n’on guère de chances d’obtenir l’indépendance. La chine a trop besoin du Tibet. Stratégiquement et économiquement, le Tibet est un enjeu majeur. Pékin vole au Tibet son uranium, son lithium – sans parler des deux cent cinquante autres minerais présents dans le sous-sol -, et mise énormément sur le potentiel hydro-électrique de toute la région, le plus important au monde. Le Tibet c’est 7 fois la France et un tiers de la Chine, avec 2000 km de frontière avec L’Inde. C’est aussi un territoire qui comptait 40% de forêts, une richesse déjà amputée de près de sa moitié – et tout ce bois est parti en Chine. Et vous savez ce qui se passe aujourd’hui ? A cause des inondations en aval, côté chinois, les Tibétains, qui ont déjà été spoliés de leur forêts, n’ont même pas le droit de couper un arbre près de chez eux.
Manifestations de la colonisation chinoise : « A Lhassa, les chinois, qui sont maintenant majoritaires, imposent leurs mœurs, l’alcool, les karaokés, les bordels ? Savez-vous qu’il y a plus de prostituées par habitant que dans n’importe quelle autre ville chinoise ? Il y a trois cent cinquante bordels à Lhassa ! »
« Pour les autorités, un bon tibétain est un bon chinois ! En somme, tout ce qui est anodin est toléré - une fête à cheval ça passe – mais tout ce qui porte une pensée tibétaine est attaqué. (…) Et puis il y a une guerre aussi contre la langue elle –même. Le tibétain est réduit à l’état de seconde langue. Les fonctionnaires, même s’ils sont entre tibétains, doivent parler chinois. Et ils doivent adopter les mœurs chinoises, boire de l’alcool de manière ostensible et fumer à longueur de journée. Si on ne fume pas comme un pompier, on est suspecté d’être un opposant à la Chine. (…) Et puis, plus grave encore, les jeunes Tibétains, même les plus doués, ne peuvent pas accéder à l’éducation supérieure, trop chère pour eux. Cela veut dire ; pas de médecins tibétains, pas d’ingénieurs des forêts ou des ponts et chaussées ! On est donc obligés de se reposer sur les Chinois pour tout faire.
Il faut que le dialogue avec le Dalai Lama soit accepté des Chinois. Rapidement ! Car si ça ne se passe pas avant les jeux Olympiques, ce sera fichu, on ne parlera plus du Tibet…